Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/59

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de ce qui pouvait me le rappeler… À défaut de bonheur, il y a encore une amère jouissance à souffrir par ce qu’on aime.

— Je comprends maintenant votre bibliothèque indienne…

Adrienne, sans répondre au comte, alla prendre sur le guéridon un des livres fraîchement coupés, et, l’apportant à M. de Montbron, lui dit en souriant, avec une expression de joie et de bonheur céleste :

— J’avais tort de nier ; je suis orgueilleuse. Tenez… lisez cela… tout haut… je vous en prie ;… je vous dis que je puis attendre à demain.

Et du bout de son doigt charmant, elle indiqua au comte le passage, en lui présentant le livre.

Puis, elle alla, pour ainsi dire, se blottir au fond de la causeuse, et là, dans une attitude profondément attentive, recueillie, le corps penché en avant, ses mains croisées sur le coussin, son menton appuyé sur ses mains, ses grands yeux attachés, avec une sorte d’adoration, sur le Bacchus indien qui lui faisait face, elle sembla, dans cette contemplation passionnée, se préparer à entendre la lecture de M. de Montbron.

Celui-ci, très étonné, commença, après avoir