Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/62

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pour retenir les noms géographiques, dit le comte.

Et il continua :


« … Une fois arrivé au camp, le colonel Drake reçut l’hospitalité la plus touchante, et le prince Djalma eut pour lui les soins d’un fils. Ce fut là que le colonel eut connaissance de quelques faits qui portèrent à son comble son enthousiasme pour le prince Djalma. Il a raconté devant moi les deux suivants :

« À l’un des combats, le prince était accompagné d’un jeune Indien d’environ douze ans, qu’il aimait tendrement et qui lui servait de page, le suivant à cheval pour porter ses armes de rechange ; cet enfant était idolâtré par sa mère ; au moment de l’expédition, elle avait confié son fils au prince Djalma en lui disant avec un stoïcisme digne de l’antiquité : Qu’il soit votre frère. — Il sera mon frère, avait répondu le prince. Au milieu d’une sanglante déroute, l’enfant est grièvement blessé, son cheval tué ; le prince, au péril de sa vie, malgré la précipitation d’une retraite forcée, le dégage, le prend en croupe et fuit ; on les poursuit ; un coup de feu atteint leur cheval ; mais il peut atteindre un massif de jungles, au milieu duquel, après quelques vains efforts, il tombe épuisé.