Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


V


Exécution.


Rodin entra ; d’un coup d’œil rapide jeté sur mademoiselle de Cardoville et sur M. de Montbron, il devina qu’il allait se trouver dans une position difficile. En effet, rien ne semblait moins rassurant pour lui que la contenance d’Adrienne et du comte.

Celui-ci, lorsqu’il n’aimait pas les gens, manifestait, nous l’avons dit, son antipathie par des façons d’une impertinence agressive, d’ailleurs soutenue par bon nombre de duels ; aussi, à la vue de Rodin, ses traits prirent soudain une expression insolente et dure ; accoudé à la cheminée et causant avec Adrienne, il tourna dédaigneusement la tête par-dessus son épaule, sans répondre au profond salut du jésuite.

À la vue de cet homme, mademoiselle de Cardoville se sentit presque surprise de n’éprouver aucun mouvement d’irritation ou de haine. La brillante flamme qui brûlait dans son cœur le purifiait de tout sentiment vindicatif.