Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/103

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— Que voulez-vous dire ?… reprit Gabriel avec intérêt.

— J’ai de pénibles aveux à vous faire…, reprit M. Hardy après un moment de silence et de réflexion. Voulez-vous entendre ma confession ?…

— Je vous en prie… dites votre confidence… mon frère, répondit Gabriel.

— Ne pouvez-vous donc pas m’entendre comme confesseur ?…

— Autant que je le peux, reprit Gabriel, j’évite la confession… officielle, si cela peut se dire ; elle a, selon moi, de tristes inconvénients ; mais je suis heureux, oh ! bien heureux, quand j’inspire cette confiance, grâce à laquelle un ami vient ouvrir son cœur à son ami… et lui dire : « Je souffre, consolez-moi ;… je doute… conseillez-moi ;… je suis heureux… partagez ma joie… » Oh ! voyez-vous, pour moi cette confession est la plus sainte ; c’est ainsi que le Christ la voulait en disant : « Confessez-vous les uns les autres… » Bien malheureux celui qui, dans sa vie, n’a pas trouvé un cœur fidèle et sûr pour se confesser ainsi… n’est-ce pas, mon frère ? Pourtant, comme je suis soumis aux lois de l’Église, en vertu de vœux volontairement prononcés, dit le jeune prêtre sans pouvoir retenir un soupir, j’obéis aux lois de l’Église…