Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/237

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Et dans un désespoir amer, profond comme l’Océan, l’artisan de Jérusalem s’assit au pied du calvaire.

À ce moment un dernier rayon de soleil, perçant, à l’horizon, le sombre amoncellement des nuages, jeta sur la crête de la montagne, sur le calvaire, une lueur ardente comme le reflet d’un incendie.

Le Juif appuyait alors sur sa main son front penché ;… sa longue chevelure, agitée par la brise crépusculaire, venait de voiler sa pâle figure, lorsque, écartant ses cheveux de son visage, il tressaillit de surprise… lui qui ne pouvait plus s’étonner de rien…

D’un regard avide, il contemplait la longue mèche de cheveux qu’il tenait à la main… Ses cheveux, naguère noirs comme la nuit… étaient devenus gris…

Lui aussi, comme Hérodiade, il avait vieilli.

Le cours de son âge, arrêté depuis dix-huit siècles… reprenait sa marche…

Ainsi que la Juive errante, lui aussi pouvait donc dès lors aspirer à la tombe…

Se jetant à genoux, il tendit les mains, le visage vers le ciel… pour demander à Dieu l’explication de ce mystère qui le ravissait d’espérance…

Alors, pour la première fois, ses yeux s’arrê-