Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/239

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les derniers descendants de ma race ! Quel sera leur sort ? Seigneur, déjà l’un d’eux, le seul de tous que le malheur eût perverti, a disparu de cette terre. Est-ce pour cela que mes cheveux ont blanchi ? Mon crime ne sera-t-il donc expié que lorsque, dans ce monde, il ne restera plus un seul des rejetons de notre famille maudite ? Ou bien cette preuve de votre toute-puissante bonté, ô Seigneur ! qui me rend à l’humanité, annonce-t-elle votre clémence et la félicité des miens ? Sortiront-ils enfin triomphants des périls qui les menacent ? Pourront-ils, accomplissant tout le bien dont leur aïeul voulait combler l’humanité, mériter ainsi leur grâce et la mienne ? Ou bien, inexorablement condamnés par vous, Seigneur, comme les rejetons maudits de ma race maudite, doivent-ils expier leur tache originelle et mon crime ?

« Oh ! dites, Seigneur, serai-je pardonné avec eux ? Seront-ils punis avec moi ?…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

En vain le crépuscule avait fait place à une nuit orageuse et noire… le juif priait toujours, agenouillé au pied du calvaire.