Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/246

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sur le tapis d’hermine qui garnit le devant de la cheminée du salon. Une satisfaction profonde se lit sur la face cadavéreuse du jésuite.

Madame de Saint-Dizier, mise avec cette sorte de coquetterie discrète qui convenait à une mère d’Église de sa sorte, ne quittait pas Rodin des yeux, car celui-ci avait complètement supplanté le père d’Aigrigny dans l’esprit de la dévote. Le flegme, l’audace, la haute intelligence, le caractère rude et dominateur de l’ex-socius, imposaient à cette femme altière, la subjuguaient et lui inspiraient une admiration sincère, presque de l’attrait ; il n’était pas même jusqu’à la saleté cynique, jusqu’à la repartie souvent brutale de ce prêtre, qui ne lui agréassent, et qui n’eussent pour elle une sorte de ragoût dépravé, qu’elle préférait alors de beaucoup aux formes exquises, à l’élégance musquée du beau révérend père d’Aigrigny.

— Oui, madame, disait Rodin d’un ton convaincu et pénétré, car ces gens-là ne se démasquent pas, même entre complices, oui, madame, les nouvelles de notre maison de retraite de Saint-Herem sont excellentes. M. Hardy… l’esprit fort… le libre penseur, est enfin entré dans le giron de notre sainte Église catholique, apostolique et romaine.

Rodin ayant hypocritement nasillé ces der-