Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/273

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Nous serions trop malheureuses de penser que notre tristesse pourrait affaiblir ton courage ; va, pars, et chaque jour nous nous dirons avec orgueil : C’est pour accomplir un noble et grand devoir que notre père nous a quittées ; aussi il nous est doux de l’attendre. »

— Comme c’est beau, comme cela soutient, l’idée du devoir… du dévouement, ma sœur ! reprit Rose avec exaltation. Vois donc, cela donne à notre père le courage de nous quitter sans chagrin, et à nous, le courage d’attendre gaiement son retour.

— Et puis, de quel calme nous jouissons à cette heure ! Ces rêves affligeants qui nous présageaient de si tristes événements ne nous tourmentent plus.

— Je te le dis, sœur : cette fois nous sommes pour toujours en plein bonheur…

— Et puis, es-tu comme moi ? Il me semble maintenant que je me sens plus forte, plus courageuse, et que je braverais tous les malheurs possibles.

— Je le crois bien ; vois donc comme nous sommes fortes maintenant ; notre père au milieu de nous, toi d’un côté, moi de l’autre, et…

— Dagobert à l’avant-garde, Rabat-Joie à l’arrière-garde ; donc l’armée sera complète. Aussi, qu’on vienne l’attaquer, mille escadrons !