Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/310

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nuité, elles crurent aux frayeurs de la princesse à l’endroit de leur mère, se reprochant avec une tristesse naïve d’avoir ignoré jusqu’alors la particularité du purgatoire.

La dévote voyant, à l’expression de douloureuse tristesse qui se répandit aussitôt sur la physionomie des jeunes filles, que sa fourbe hypocrite avait produit l’effet qu’elle attendait, ajouta :

— Il ne faut pas vous désespérer, mes enfants : tôt ou tard le Seigneur appellera votre mère dans son saint paradis ; d’ailleurs, ne pouvez-vous pas hâter l’heure de la délivrance de cette âme chérie ?

— Nous, madame ?… Oh ! dites, dites, car vos paroles nous effrayent pour notre mère.

— Pauvres enfants, comme elles sont intéressantes ! dit la princesse avec attendrissement, en pressant les mains des orphelines dans les siennes. Rassurez-vous, vous dis-je, reprit-elle ; vous pouvez beaucoup pour votre mère ; oui, mieux que personne vous obtiendrez du Seigneur qu’il retire cette pauvre âme du purgatoire et qu’il la fasse monter dans son saint paradis.

— Nous, madame ? Mon Dieu, et comment donc ?

— En méritant les bontés du Seigneur par