Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/348

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d’être successivement frappés par un concours de circonstances funestes ; il se demandait en-

    Rome où le général l’appelle. Aux pleurs, au désespoir d’un père, de frères, de sœurs qui attendaient tout de lui, le nouvel adepte, dont le cœur naguère si généreux est déjà flétri, répond froidement : « Le ciel en a décidé autrement, » et lorsque le digne père s’écrie : « Mais ces promesses pour moi et pour tes frères et sœurs, que tu nous faisais quand tu nous aimais tant, que sont-elles devenues ?Le ciel a prononcé ! » telle est l’unique réponse du nouvel adepte des jésuites ; il a été impossible de rien obtenir de plus de ce jeune homme naguère si bon, si expansif, si dévoué à sa famille ; il n’a plus de cœur, il part pour Rome. Le plus malheureux des pères me racontait hier cette cruelle détermination, et il ajoutait : « Si on le portait au cimetière, je pleurerais sa mort ; mais le savoir vivant et sans âme depuis qu’il est devenu la victime de ces infâmes corrupteurs, c’est pire que la mort. »

    « Agréez, monsieur, etc.

    « ***, avocat à la cour royale de Paris. »

    Nous livrons à tous les pères, à toutes les mères de famille l’appréciation de ce fait d’effrayante captation ! Et le parti prêtre, qui prend son mot d’ordre à Rome, et qui dispose de ces terribles moyens d’action sur la jeunesse, même en dehors de ses séminaires, ose demander une part égale à celle des laïques dans le libre enseignement ! Et ce parti a l’audace de s’étonner de ce que les gens de bon sens ne veulent lui accorder qu’un droit d’enseignement très-limité, et, encore, prudemment en-