Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/369

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

aménité parfaite, et comme si elle eût adressé à la dévote des compliments les plus flatteurs. Afin de vous mettre tout de suite en confiance avec mademoiselle, je m’empresse de vous apprendre qu’elle est instruite de toutes les saintes perfidies… de toutes les pieuses noirceurs… de toutes les dévotes indignités… dont vous avez voulu et failli me rendre victime ;… elle sait enfin que vous êtes une mère de l’Église… comme on en voit peu… Puis-je espérer maintenant, madame, voir cesser votre délicate et intéressante réserve ?

— En vérité, dit la princesse avec une sorte d’ébahissement courroucé, je ne sais si je veille ou si je rêve…

— Ah ! mon Dieu ! dit Adrienne d’un air alarmé, ce doute que vous manifestez sur l’état de vos facultés est inquiétant, madame. Le sang vous monte sans doute à la tête… car votre visage est très-coloré ;… vous semblez oppressée… comprimée… déprimée… peut-être… (l’on peut se dire cela entre femmes), peut-être êtes-vous un peu serrée… madame ?

Ces mots, dits par Adrienne avec un adorable semblant d’intérêt et de naïveté, manquèrent de faire suffoquer la princesse qui, malgré elle, devint cramoisie et s’écria, en s’asseyant brusquement :