Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/378

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vous en douter, vous me tirez d’un furieux embarras.

Djalma ne répondit pas, mais il regarda mademoiselle de Cardoville d’un air surpris et presque attristé, comme pour lui demander ce que voulait dire sa tante.

Celle-ci, s’étant aperçue de cette muette interrogation, reprit :

— Je vais être plus claire, prince ; en un mot, vous comprenez que, me trouvant la plus proche parente de cette chère et mauvaise petite tête… (elle désigna Adrienne du regard), j’étais plus ou moins responsable de son avenir aux yeux de tous ;… et voici, prince, que vous arrivez justement de l’autre monde pour vous charger candidement de cet avenir qui m’effrayait si fort ;… c’est charmant, c’est excellent ; aussi, en vérité, l’on se demande ce qu’il y a de plus à admirer en vous, de votre bonheur ou de votre courage.

Et la princesse, jetant un regard d’une méchanceté diabolique sur Adrienne, attendit sa réponse d’un air de défi.

— Écoutez bien ma bonne tante, mon cher cousin, se hâta de dire la jeune fille en souriant avec calme ; depuis un instant que cette tendre parente nous voit, vous et moi, réunis et heureux, son âme est tellement inondée de