Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/384

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aussitôt apaisée par la conscience de sa pureté, son charmant visage était redevenu d’une adorable sérénité… Ce fut alors que ses yeux rencontrèrent ceux de Djalma. Pendant une seconde, la jeune fille fut encore plus affligée qu’effrayée de l’expression menaçante, formidable, de la physionomie de l’Indien… « Une stupide indignité l’exaspère à ce point, s’était dit Adrienne, il me soupçonne donc ?… » Mais, à cette réflexion, aussi rapide que cruelle, succéda une joie folle lorsque, les yeux d’Adrienne s’étant longuement arrêtés sur ceux de l’Indien, elle vit instantanément ces traits si farouches s’adoucir comme par magie, et redevenir radieux et enchanteurs comme ils l’étaient naguère.

Ainsi l’abominable trame de madame de Saint-Dizier tombait devant l’expression digne, confiante et sincère de la physionomie d’Adrienne.

Ce ne fut pas tout.

Au moment où, témoin de cette scène muette si expressive qui prouvait la merveilleuse sympathie de ces deux êtres, qui, sans prononcer une parole et grâce à quelques regards muets, s’étaient compris, expliqués et mutuellement rassurés, la princesse suffoquait de dépit et de colère, Adrienne, avec un sourire adorable et un geste d’une coquetterie charmante, tendit