Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/398

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

monie de ces paroles presque religieuses et du timbre doux et grave de la voix du jeune Indien. Ce qu’il est impossible de peindre, c’est l’expression d’amoureuse et brûlante mélancolie qui donnait un charme irrésistible à ses traits enchanteurs.

Adrienne avait écouté Djalma avec un indicible mélange de joie, de reconnaissance et d’orgueil. Bientôt, posant sa main sur son sein, comme pour en comprimer les violentes pulsations, elle reprit, en regardant le prince avec enivrement :

— Le voilà bien… toujours bon, toujours juste, toujours grand !… Ô mon cœur !… mon cœur, comme il bat !… fier et radieux… Soyez béni, mon Dieu ! de m’avoir créée pour cet amant adoré. Vous voulez donc étonner le monde par les prodiges de tendresse et la charité qu’un pareil amour peut enfanter ! L’on ne sait pas encore la toute-puissance souveraine de l’amour heureux, ardent et libre !… Oh ! grâce à nous deux, n’est-ce pas, Djalma, le jour où nos mains seront jointes, que d’hymnes de bonheur, de reconnaissance monteront de toutes parts vers le ciel !… Non, non, l’on ne sait pas de quel immense, de quel insatiable besoin de joie et d’allégresse deux amants comme nous sont possédés… L’on ne sait pas tout ce qui