Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/43

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prévue par Rodin, qui dirigeait cette machination dans ses moindres détails.

M. Hardy, d’abord épouvanté des sinistres maximes dont on l’entourait, s’était peu à peu habitué à les lire presque machinalement, de même que le prisonnier compte durant sa triste oisiveté les clous de la porte de la prison, ou les carreaux de sa cellule…

C’était déjà un grand résultat d’obtenu par les révérends pères.

Bientôt son esprit affaibli fut frappé de l’apparente justesse de quelques-uns de ces menteurs et désolants aphorismes.

Ainsi, il lisait :

« Il ne faut compter sur l’affection d’aucune créature sur la terre. »

Et il avait été, en effet, indignement trahi.

« L’homme est né pour vivre dans la désolation. »

Et il vivait dans la désolation.

« Il n’y a de repos que dans l’abnégation de la pensée. »

Et le sommeil de son esprit apportait seul quelque trêve à ses douleurs.

Deux ouvertures, habilement ménagées sous les tentures et dans les boiseries des chambres de cette maison, permettaient à toute heure de voir ou d’entendre les pensionnaires, et sur-