Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/470

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moi… quand je l’ai frappée ?… Je ne sais ;… mais enfin, elle est morte… de ma main… Heureusement, j’ai le cœur rempli de remords, de douleur et d’une inexprimable tendresse pour elle ; aussi j’ai voulu venir mourir ici… ici, dans cette chambre, reprit-il d’une voix altérée, dans ce ciel de mes brûlantes visions…

Puis il s’écria, avec un accent déchirant, en cachant sa figure dans ses mains :

— Et morte… morte…

Puis, après quelques sanglots, il reprit d’une voix ferme :

— Allons, moi aussi je vais être bientôt mort ;… non, je veux mourir lentement, pas bientôt…

Et d’un regard assuré il regarda le flacon.

— Ce poison peut être foudroyant, et peut être aussi d’un effet moins rapide, mais toujours sûr, m’a dit Faringhea. Pour cela, quelques gouttes suffisent ;… il me semble que lorsque je serai certain de mourir… mes remords seront moins affreux… Hier, lorsqu’en me quittant, elle m’a serré la main… qui m’aurait dit cela, pourtant ?

Et l’Indien porta résolument le flacon à ses lèvres. Après avoir bu quelques gouttes de la liqueur qu’il contenait, il le replaça sur une