Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/485

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ses prévisions n’a été trompée… Cette famille est anéantie par le seul jeu des passions, bonnes ou mauvaises, qu’il a su faire mouvoir… Il l’avait dit ! Oh ! je le confesse, ajouta le père d’Aigrigny avec un sourire jaloux et haineux, le père Rodin est un homme dissimulé, habile, patient, énergique, opiniâtre et d’une rare intelligence… Qui m’eût dit, il y a quelques mois, lorsqu’il écrivait sous mes ordres, humble et discret socius… que cet homme était déjà depuis longtemps possédé de la plus audacieuse, de la plus énorme ambition, qu’il osait jeter les yeux jusque sur le saint-siège… et que, grâce à des intrigues merveilleusement ourdies, à une corruption poursuivie avec une incroyable habileté, au sein du sacré collège, cette visée… n’était pas déraisonnable… et que bientôt peut-être cette ambition infernale eût été réalisée, si, depuis longtemps, les sourdes menées de cet homme étonnamment dangereux n’eussent pas été surveillées à son insu, ainsi que je viens de l’apprendre ?… Ah !… reprit le père d’Aigrigny avec un sourire d’ironie et de triomphe, ah ! vous, crasseux personnage, vous voulez jouer au Sixte-Quint ? Et non content de cette audacieuse imagination, vous voulez, si vous réussissez, annuler, absorber notre compagnie dans votre papauté,