Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/492

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— Positivement ?

— Positivement ; rien ne saurait m’y forcer.

— Rien ?

— Non, monsieur, rien.

— Nous allons voir, dit le maréchal.

Et sa main tomba d’aplomb sur la joue du père d’Aigrigny.

Le jésuite poussa un cri de fureur ; tout son sang reflua sur sa face si rudement souffletée ; la bravoure de cet homme, car il était brave, se révolta ; son ancienne valeur guerrière l’emporta malgré lui, ses yeux étincelèrent ; et les dents serrées, les poings crispés, il fit un pas vers le maréchal en s’écriant :

— Les épées… les épées…

Mais soudain se rappelant l’apparition de Rodin, et l’intérêt que celui-ci avait eu à amener cette rencontre, il puisa dans la volonté d’échapper au piège diabolique que lui tendait son ancien socius le courage de contenir un ressentiment terrible.

À la fougue passagère du père d’Aigrigny succéda donc subitement un calme rempli de contrition, et voulant jouer son rôle jusqu’au bout, il s’agenouilla, et baissant la tête, il se frappa la poitrine avec componction en disant :

— Pardonnez-moi, Seigneur, de m’être aban-