Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/56

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res illusions !… moi… me mêler à ses fêtes, à ses plaisirs !… ah !… c’est une raillerie cruelle…

— Ce n’est pas une raillerie, mon cher fils ;… il faut vous attendre à ce que la vue, les paroles de ce loyal artisan réveillent en vous des idées qu’à cette heure même vous croyez à jamais anéanties. Dans ce cas, mon cher fils, essayez, encore une fois, de la vie mondaine. Cette retraite ne vous sera-t-elle pas toujours ouverte après de nouveaux chagrins, de nouvelles déceptions ?…

— Et à quoi bon, grand Dieu !… aller m’exposer à de nouvelles souffrances ? s’écria M. Hardy avec une expression déchirante ; c’est à peine si je puis supporter celles que j’endure… Oh ! jamais… jamais !… l’oubli de tout, de moi-même… le néant de la tombe… jusqu’à la tombe… voilà tout ce que je veux désormais…

— Cela vous paraît ainsi, mon cher fils, parce qu’aucune voix du dehors n’est jusqu’ici venue troubler votre calme solitude… ou affaiblir vos saintes espérances qui vous disent qu’au delà de la tombe vous serez avec le Seigneur ; mais cet ouvrier, pensant moins à votre salut qu’à son intérêt et à celui des siens… va venir…