Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/80

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depuis son séjour chez les révérends pères, se sentit pour ainsi dire le cœur un peu réchauffé, ranimé ; il lui sembla qu’un vivifiant rayon de soleil perçait enfin les ténèbres glacées au milieu desquelles il végétait depuis si longtemps.

M. Hardy tendit la main à Agricol, et lui dit d’une voix altérée :

— Mon ami… merci !… Cette nouvelle preuve de votre dévouement… ces regrets… tout cela m’émeut… mais d’une émotion douce… et sans amertume ;… cela me fait du bien…

— Ah !… monsieur, s’écria le forgeron avec une lueur d’espoir, ne vous contraignez pas ; écoutez la voix de votre cœur ;… elle vous dira de faire le bonheur de ceux qui vous chérissent ; et pour vous… voir des gens heureux… c’est être heureux. Tenez… lisez cette lettre de cette généreuse demoiselle… Elle achèvera peut-être ce que j’ai commencé ;… et si cela ne suffit pas… nous verrons…

Ce disant, Agricol s’interrompit en jetant un regard d’espoir vers la porte ; puis il ajouta, en présentant de nouveau la lettre à M. Hardy :

— Oh ! je vous en supplie, monsieur, lisez… mademoiselle de Cardoville m’a dit de vous confirmer tout ce qu’il y a dans cette lettre…

— Non… non… je ne dois pas… je ne devrais pas lire, dit M. Hardy avec hésita-