ne sont que trop vraies ; ici-bas, tout est néant, misère, douleur, car l’homme est né pour souffrir !… N’est-il pas vrai, M. l’abbé ? ajouta-t-il en s’adressant à Gabriel.
Celui-ci avait aussi jeté les yeux sur différentes maximes que le forgeron venait de lui indiquer ; le jeune prêtre ne put s’empêcher de sourire avec amertume en songeant au calcul odieux qui avait dicté le choix de ces réflexions. Aussi répondit-il à M. Hardy d’une voix émue :
— Non, non, monsieur, tout n’est pas néant, mensonge, misères, déceptions, vanité, ici-bas… Non, l’homme n’est pas né pour souffrir ; non, Dieu, dont la suprême essence est une bonté paternelle, ne se complaît pas aux douleurs de ses créatures qu’il a faites pour être aimantes et heureuses en ce monde…
— Oh ! l’entendez-vous, M. Hardy, l’entendez-vous ? s’écria le forgeron ; c’est aussi un prêtre, lui… mais un vrai, un sublime prêtre, et il ne parle pas comme les autres…
— Hélas ! pourtant, M. l’abbé, dit M. Hardy, ces maximes si tristes sont extraites d’un livre que l’on met presque à l’égal d’un livre divin.
— De ce livre, monsieur, dit Gabriel, on peut abuser comme de toute œuvre humaine ! Écrit pour enchaîner de pauvres moines dans le renoncement, dans l’isolement, dans l’obéis-