Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
229
LES MYSTÈRES DU PEUPLE.

d’or ; par-dessus cette robe, serrée à sa taille par une écharpe d’étoffe pourpre pareille à son turban, elle portait une sorte de soubreveste de soie orange sans manches. Les beaux traits de Jeane avaient une expression remplie de douceur, et son sourire exprimait une bonté charmante.

Aurélie, femme de Grémion, née de parents romains, dans la Gaule du midi, était belle aussi, et vêtue, à la mode de son pays, de deux tuniques, l’une longue et rose, l’autre courte et bleu-clair ; une résille d’or retenait ses cheveux châtains ; elle avait le teint aussi blanc que celui de Jeane était brun ; ses grands yeux bleus brillaient d’enjouement et son gai sourire annonçait une inaltérable bonne humeur.

Le sénateur Baruch, un des plus savants docteurs de la loi, occupait à ce souper la place d’honneur. Il semblait fort gourmand, car son turban vert était presque toujours penché sur son assiette ; deux ou trois fois même il fut obligé de desserrer la ceinture qui retenait sa longue robe violette ornée d’une longue frange d’argent. La gloutonnerie de ce gros sénateur fit plusieurs fois sourire et chuchoter Jeane et Aurélie, nouvelles amies, assises à côté l’une de l’autre, et derrière lesquelles se tenait debout Geneviève, ne perdant pas une de leurs paroles et étant non moins attentive à tout ce que disaient les convives.

Le seigneur Jonas, un des plus riches banquiers de Jérusalem, coiffé d’un petit turban jaune, vêtu d’une robe brune, portait une barbe grise pointue et ressemblait à un oiseau de proie ; il parlait de temps à autre à voix basse avec le docteur de la loi, qui lui répondait rarement, et sans cesser de manger, tandis que le prince des prêtres, Caïphe, Grémion, Ponce-Pilate et les autres personnages s’entretenaient de leur côté.

Vers la fin du souper, le docteur de la loi, commençant à se rassasier, essuya sa barbe grasse du revers de sa main, et dit au tribun du trésor nouvellement arrivé en Judée :

— Seigneur Grémion, commencez-vous à vous habituer à notre