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LES MYSTÈRES DU PEUPLE.

et n’en perdent pas un mot… Sans doute, avant lui, d’autres messies ont prophétisé la délivrance de notre pays opprimé par l’étranger, ont expliqué nos saintes Écritures, ont, par les moyens magiques de la médecine, guéri des maladies désespérées ; mais aucun de ces messies n’avait montré jusqu’ici cette patiente douceur avec laquelle le jeune maître enseigne aux humbles et aux petits… à tous enfin, car, pour lui, il n’y a pas d’infidèles, de païens : chaque cœur simple et bon, par cela seul qu’il est bon, est digne du royaume des cieux… Ne savez-vous pas sa parabole du païen ? Rien de plus simple et de plus touchant.

— Non, Jeane, je ne la connais pas.

— C’est la dernière que je lui ai entendu dire… Elle s’appelle le bon Samaritain.

— Qu’est-ce qu’un Samaritain ?

— Les Samaritains sont un peuple idolâtre, par delà les dernières montagnes de la Judée ; les princes des prêtres regardent ces gens comme exclus du royaume de Dieu. Voici cette parabole :

« Un homme qui allait de Jérusalem à Jéricho tomba entre les mains des voleurs. Ils le dépouillèrent, le couvrirent de plaies, et s’en allèrent le laissant à demi-mort.

« Il arriva ensuite qu’un prêtre allait par le même chemin, lequel, ayant aperçu le blessé, passa outre.

« Un lévite, qui vint au même lieu, ayant aperçu le blessé, passa encore outre.

« Mais un Samaritain, qui voyageait, vint à l’endroit où était cet homme, et, l’ayant vu, il fut touché de compassion, s’approcha de lui, versa de l’huile et du vin sur ses plaies, les banda, et, l’ayant mis sur son cheval, il le mena dans une hôtellerie et prit soin de lui.

« Le lendemain, le Samaritain tira deux deniers de sa poche, les donna à l’hôte, et lui dit : « Ayez bien soin de cet homme ; tout ce que vous dépenserez de plus, je vous le rendrai.