appel de presque toutes les provinces de France, que représentaient à cette réunion des esclaves vendus et amenés de diverses contrées dans la Gaule provençale, devenue romaine par la conquête. Après cet appel, un grand silence s’est fait, et le druide a continué :
— Artois et Bourgogne présentent un nouvel affilié.
— Oui… oui, — répondirent deux voix.
— Est-il éprouvé par les larmes et par le sang ? — demanda le druide.
— Il est éprouvé.
— Vous le jurez par Hésus ?
— Par Hésus, nous le jurons.
— Qu’il écoute et réponde, — reprit le druide. Et il ajouta :
— Toi, nouveau venu ici, que veux-tu ?
— Être l’un des Enfants du Gui…
— Dans quel but ?
— Pour obtenir justice… liberté… vengeance, — reprit la voix du néophyte.
— Toi qui demandes justice, liberté, vengeance, — dit le druide, — es-tu dépouillé, asservi par l’étranger ? Travailles-tu sous son fouet, la chaîne au pied, le carcan au cou ?
— Oui.
— Tes labeurs, commencés à l’aube, terminés le soir, souvent prolongés dans la nuit, enrichissent-ils le Romain qui t’a acheté comme un vil bétail ? Vit-il ainsi dans l’opulence et l’oisiveté, tandis que tu vis dans la misère et l’esclavage ?
— Oui… je travaille, et le Romain profite… Je souffre, et il jouit.
— Les champs que tu laboures, que tu moissonnes aujourd’hui pour l’étranger conquérant, appartenaient-ils à tes pères de race libre ?
— Oui…
— Les douces et pures joies de la famille te sont-elles défendues ?