Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/292

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mi-côte du versant de la vallée, ces jolies maisons, à demi voilées sous les vignes qui tapissent les murailles, vieux ceps dont le soleil d’automne a rougi les feuilles et doré les grappes. Chacune de ces maisons est entourée d’un jardinet fleuri, ombragé d’un bouquet d’arbres… jamais la vue ne s’est reposée sur un plus riant village… Un village ? non, c’est plutôt un bourg, un gros bourg ; il y a au moins six à sept cents maisons disséminées sur cette colline, sans compter ces vastes bâtiments couverts de chaume, situés au milieu des prairies basses, arrosées par la féconde rivière qui prend sa source au nord de la vallée, la traverse et la borne au plus lointain horizon, en se divisant en deux bras ; l’un se dirige vers l’Orient, l’autre vers l’Occident, après avoir baigné dans son cours le pied d’un bois de chênes séculaires, dont la cime laisse apercevoir les toits d’un grand bâtiment de pierres, surmonté d’une croix de fer.

Non, jamais terre promise n’a été mieux disposée pour les productions d’un sol fécondé par le travail : à mi-côte, les vignes empourprées ; au-dessus du vignoble, les terres de labour, où brûle en quelques endroits le chaume des seigles et des blés de la dernière récolte ; ces fertiles guérets s’étendent jusqu’à la lisière des bois qui couronnent les hauteurs, entre lesquelles cette immense vallée est encaissée ; au-dessous des coteaux commencent les prairies arrosées par la rivière ; de nombreux troupeaux de brebis et de génisses paissent ses gras pâturages ; on entend tinter les clochettes des maîtres béliers et des taureaux. Çà et là, pendant que des charrues attelées de bœufs creusent lentement une partie du sol dont les chaumes ont été brûlés la veille, des chariots à quatre roues, remplis de raisins, descendent les pentes escarpées du vignoble, et se dirigent vers le pressoir commun, situé, ainsi que les étables, les bergeries et les porcheries communes, dans les bâtiments avoisinant la rivière. Sur sa rive sont établis différents ouvroirs ; celui des lavandières et des filandières, où se prépare le chanvre, et où se lave la toison des brebis, plus tard convertie en chauds vêtements ; là encore