Page:Sue - Les misères des enfants trouvés II (1850).djvu/104

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— Non, vois-tu… quand la Levrasse devrait me couper en morceaux, je ne parais plus ce soir, si tu me le défends…

— Maintenant, ça m’est égal… tu n’as plus à cramper qu’avec moi, Martin ou la mère Major… — répondit Bamboche d’une voix brusque qu’il tâcha de rendre dure : mais son regard, mais sa figure trahissaient l’émotion que lui causaient le dévouement et l’énergique résolution de Basquine.

Aussi, voulant dissimuler son attendrissement, il se retourna en disant :

— On m’appelle.

Il nous quitta précipitamment, mais j’avais vu ses yeux se mouiller de larmes.

— Mon Dieu !… qu’est-ce qu’il a donc encore ? — me dit Basquine, qui n’avait pu comme moi remarquer l’attendrissement de Bamboche.

— Il pleure… et il ne veut pas en avoir l’air, — dis-je à Basquine.

— Il pleure… et pourquoi ? — me demanda-t-elle.

— Parce qu’il est attendri de ce que tu viens de lui promettre, de tout risquer plutôt que de reparaître ce soir, s’il ne le voulait pas.

— Oh ! vois-tu ?… vois-tu ?… malgré tout… comme il est bon — s’écria Basquine, profondément émue.