Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/121

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— Vous êtes un flatteur, mon voisin ; mais avouez qu’une petite fille toute seule, et bien rangée, peut vivre avec trente sous par jour ! Il faut dire aussi que les quatre cent cinquante francs que j’ai emportés de la prison m’ont joliment aidée pour m’établir… Une fois qu’on m’a vue dans mes meubles, ça a inspiré de la confiance, et on m’a donné de l’ouvrage chez moi ; mais il a fallu attendre long-temps avant d’en trouver ; heureusement j’avais gardé de quoi vivre trois mois sans compter sur mon travail.

— Avec votre petit air étourdi, savez-vous que vous avez beaucoup d’ordre et de raison, ma voisine ?

— Dame ! quand on est toute seule au monde et qu’on ne veut avoir d’obligation à personne, faut bien s’arranger et faire son nid, comme on dit.

— Et votre nid est charmant.

— N’est-ce pas ? car enfin je ne me refuse rien ; j’ai même un loyer au-dessus de mon état ; j’ai des oiseaux ; l’été, toujours au moins deux pots de fleurs sur ma cheminée, sans compter les caisses de ma fenêtre et celle de