Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/21

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prison, que veux-tu que je devienne toute seule, moi avec nos enfants et ma mère ? Quand Louise gagnerait 20 francs par mois dans une autre place, est-ce que nous pourrions vivre six personnes là-dessus ?

— Oui, c’est pour vivre que nous laissons peut-être déshonorer Louise.

— Tu exagères toujours : le notaire la poursuit, c’est vrai… elle nous l’a dit ; mais elle est honnête, tu le sais bien.

— Oh ! oui, elle est honnête, et active, et bonne !… Quand, nous voyant dans la gêne à cause de ta maladie, elle a voulu entrer en place pour ne pas nous être à charge, je ne t’ai pas dit, va, ce que ça m’a coûté !… Elle servante… maltraitée, humiliée !… elle si fière naturellement, qu’en riant… te souviens-tu ? nous riions alors, nous l’appelions la princesse, parce qu’elle disait toujours qu’à force de propreté elle rendrait notre pauvre réduit comme un petit palais… Chère enfant, ç’aurait été mon luxe de la garder près de nous, quand j’aurais dû passer les nuits au travail… C’est qu’aussi, quand je voyais sa bonne figure rose et ses jolis yeux bruns de-