Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/205

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— Cette entrevue me sera odieuse — dit tristement Rodolphe — car je n’ai pas revu cet homme depuis… le jour fatal… où… j’ai…

Rodolphe ne put achever ; il cacha son front dans sa main.

— Eh ! mort-dieu ! monseigneur, pourquoi consentir à ce que demande Polidori ? Menacez-le de la justice française ou d’une extradition immédiate ; il faudra bien qu’il se résigne à me révéler ce qu’il ne veut révéler qu’à vous.

— Tu as raison, mon pauvre ami ; car la présence de ce misérable rendrait plus menaçants encore ces souvenirs terribles… auxquels se rattachent tant de douleurs incurables… depuis la mort de mon père… jusqu’à celle de ma pauvre petite fille… Je ne sais, mais plus j’avance dans la vie, plus cette enfant me manque… Combien je l’aurais adorée ! combien il m’eût été cher et précieux, ce fruit charmant de mon premier amour, de mes premières et pures croyances, ou plutôt de mes jeunes illusions !… J’aurais déversé sur cette innocente créature les trésors d’affection dont son odieuse mère est indigne ; et puis il