Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/287

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presque féroce, des traits de Cécily, qui, le sein gonflé, la narine ouverte, la bouche insolente, attachait sur lui ses grands yeux noirs et brûlants.

Jamais elle ne lui avait paru plus belle…

— Parlez, parlez encore — s’écria-t-il avec exaltation — vous parlez sérieusement cette fois… Oh ! si je pouvais…

— On peut ce qu’on veut — dit brusquement Cécily.

— Mais…

— Mais je te dis que si vieux, si repoussant que tu sois… je voudrais être à ta place, et avoir à séduire une femme belle, ardente et jeune, que la solitude m’aurait livrée, une femme qui comprend tout… parce qu’elle est peut-être capable de tout… oui, je la séduirais. Et, une fois ce but atteint, ce qui aurait été contre moi… tournerait à mon avantage… Quel orgueil, quel triomphe de se dire : J’ai su me faire pardonner mon âge et ma laideur ! L’amour qu’on me témoigne, je ne le dois pas à la pitié, à un caprice dépravé : je le dois à mon esprit, à mon audace, à mon énergie… je le dois enfin à ma passion effrénée… Oui,