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puis il s’éveillait, et se remettait au travail avec une ardeur infatigable, restant quelquefois deux et trois jours sans sortir de chez lui.

Le poète m’avait promis vingt-cinq louis ; cette somme, ou seulement la vingt-cinquième partie de cette somme fût venue très à propos. Depuis près d’un mois Balthazar employait presque tout mon temps à ses commissions littéraires, il ne m’avait pas encore payé, je me trouvais fort embarrassé, et à la fin d’une épargne d’une dizaine de francs.

Balthazar, à qui j’avais une fois, bien à contre-cœur, demandé quelque argent, me dit majestueusement :

— Fi donc ! je songe pour toi à quelque chose de mieux que ce misérable salaire quotidien.

Cette réponse, peu compréhensible, m’empêcha du moins de réitérer ma demande. Balthazar était si bon, si cordial, que j’aurais craint de le blesser. Je me résignai donc à attendre, sans trop savoir comment je ferais pour sortir de cette situation, si elle se prolongeait.

Sans croire absolument aux vingt-cinq louis de pour-boire, et au recouvrement des neuf cents louis que je devais opérer le lendemain, je voyais Balthazar si sûr de son fait, et j’avais tant besoin de voir personnellement ses espérances réalisées, que presque involontairement je les partageai un peu.

Mais hélas !… le lendemain, nouvelle déconvenue. Cette fois-là, les libraires ne se contentant pas de refuser de lire les lettres et de recevoir les manuscrits, me mirent à-peu-près à la porte…

Je montai lentement les cinq étages de l’apparte-