Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/115

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mais je te rappellerai qu’il s’agit de cacheter ma lettre…

— Justement — dit Balthazar, en haussant les épaules, et il déroula l’énorme feuille de papier, où se trouvait en effet le plan d’un splendide palais, entouré de jardins. Élévations, coupes, profils, rien n’y manquait. On y voyait aussi çà et là ajoutés de petites bandelettes de papier, soigneusement collées.

— Vois-tu ces bandelettes ? — dit Balthazar à son ami.

— Balthazar, il s’agit d’une lettre à cacheter ; je ne sors pas de là.

— Ces bandelettes sont des augmentations, des changements, que chaque jour j’ai apportés au plan primitif de mon palais… On écrit, on corrige un monument comme un poème ; un palais, c’est un poème de marbre et de bronze, voilà tout…

— Balthazar… il s’agit d’une lettre à cacheter, — reprit imperturbablement le comte.

— Je le sais bien… c’est pour cela que je parle de ces bandelettes ; je les colle… avec quoi ?… Avec ce morceau de colle à bouche que voici… Hein ? dis donc que je ne vais pas droit au fait !… Plus tard, nous causerons du palais ; tu me donneras ton avis ; j’ai à commander l’ornementation des jardins, cinquante ou soixante groupes ou statues du plus beau marbre pentélique… Je suis très-indécis. Pradier est charmant, plein d’élégance et de grâce… mais le ciseau de David est bien puissant… c’est large et sévère… Il y a aussi du seigneur ! Antonin Moyne, Barrye, qui sont remplis d’originalité. C’est le diable que de choisir… C’est