Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/174

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solennelle de ton amie d’enfance… Maintenant… dis-moi franchement : Te sens-tu absolument dégagé de toute affection passée et à venir pour Régina ? Jouer le jeu que tu vas jouer… cela demande du sang-froid… je dirai même qu’il faut pour cela l’égoïsme inflexible de l’homme d’affaires ; car tu ne dois pas te le dissimuler, c’est une affaire, une excellente affaire que tu veux faire… Rien de plus, rien de moins… si tu réussis, je le dirai plus tard mon opinion personnelle là-dessus.

— Comment ? — s’écria Robert, — explique-toi.

— Nous parlons maintenant au point de vue… dramatique, et non pas au point de vue… moral… pardon du mot… Une position difficile… presque désespérée (c’est la tienne) et des caractères étant donnés, nous tâchons de trouver les moyens de dénouer heureusement cette position diabolique… En cela, tu cherches à faire, je le répète, une excellente affaire ; moi, je cherche à faire de la comédie d’intrigue… Il n’est donc pas question de morale là-dedans…

— Trouves-tu que j’agisse d’une façon déloyale ? — s’écria Robert.

— Allons donc !… tu es ruiné… criblé de dettes. Une jeune fille, belle et riche, t’a promis d’être à toi, tu viens réclamer sa promesse. Sur cent personnes, quatre-vingt-dix-neuf et demie agiraient comme toi… Sois donc tranquille, au point de vue du monde,… tu es pur, sans tache, comme l’agneau pascal…

— Mais à ton point de vue… à toi ?

— À mon point de vue… à moi ?

— Oui…

— Curieux !!