Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/177

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— Ce matin, je suis sorti de la prison pour dettes… où j’étais depuis le mois de janvier.

— Toi… en prison,… et je n’en ai rien su, — s’écria Balthazar d’un ton de reproche.

— J’ai voulu, autant que possible, tenir cela secret, je crois avoir réussi. On m’a arrêté au moment où je revenais d’un voyage de quelques jours, entrepris pour dépister mes créanciers…

— Mais tes dettes… sont considérables — dit Balthazar — qui les a payées ?

— Elles ne sont pas payées…

— Mais alors qui l’a fait sortir de prison ?

— Mes créanciers.

— Tes créanciers !

— Ils m’ont même facilité les moyens de contracter un nouvel emprunt chez ce marchand de jouets d’enfants à qui j’ai écrit ce matin.

— Cela tient du prodige…

— Pourtant rien de plus simple ; j’ai convaincu mes créanciers qu’ils n’avaient rien à attendre de moi en me retenant prisonnier, tandis qu’en me remettant en liberté, et même en me procurant quelques fonds indispensables, ils rendraient possible un riche mariage que j’avais en vue…

— Je comprends.

— Ils ont, du reste, pris leurs sûretés… J’ai renouvelé avant de sortir de prison toutes mes lettres de change à trois mois… Je suis surveillé. Si le mariage a lieu… ils seront payés ;… s’il n’a pas lieu… Mais à quoi bon cette hypothèse ? Si le mariage m’échappe… ma résolution est bien prise…