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quences de l’héritage : — une jeunesse oisive — à ce point de lâcheté, d’impuissance et de dépravation…

Cette fois encore je le reconnus… souvent l’abus de la richesse abrutit, déprave autant que l’excessive misère, et l’on doit à ces victimes du superflu, non pas sans doute cette tendre commisération, cette sympathie sacrée, qu’inspirent toujours les martyrs des plus atroces privations, mais cette sorte de douloureuse pitié que commande, ainsi que me disait Claude Gérard : — le sort de ces misérables infirmes dont le sang est infecté par quelque vice héréditaire.

Je me laissais d’autant plus aller à ces sentiments d’équitable pitié, que je craignais de subir, à mon insu, l’influence d’une animosité jalouse contre Robert de Mareuil, car il avait été aimé… il était peut-être encore aimé de Régina…

Aimé de cette jeune fille, dont je respectais, dont j’admirais plus encore les rares vertus, après l’entretien que je venais de surprendre… lui, aimé de Régina…

Et ce mariage était possible… Régina, fidèle aux serments d’un premier amour, aveuglée par sa confiance dans un homme qu’elle croyait digne d’elle, maltraitée peut-être dans la maison paternelle, comptant trouver enfin dans Robert un concours généreux, dévoué, qui l’aiderait à poursuivre et à obtenir la réhabilitation de la mémoire de sa mère… Régina pouvait… devait peut-être combler les désirs de Robert de Mareuil…

Une seule chance était contre celui-ci… Régina ne lui avait pas dit : Venez