Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est ici, Monsieur, — répondis-je, — si vous voulez attendre, je vais aller prévenir M. le comte…

Et laissant la Levrasse seul, j’entrai dans la chambre voisine.

— C’est le marchand de jouets d’enfants, — dis-je à mes maîtres…

— Il n’a pas manqué à sa promesse… bon augure, excellent augure, — dit le poète, à voix basse.

Loin de partager le joyeux espoir que l’arrivée de la Levrasse inspirait au poète, Robert parut inquiet, pensif, et, au grand étonnement de Balthazar, il lui dit d’un air contraint :

— Mon ami, laisse-moi seul avec cet homme.

— Seul… avec le marchand de jouets ? — dit Balthazar.

— Oui.

— C’est singulier… tu ne m’avais pas dit…

— Mon ami… si je te demande de te retirer, — reprit Robert de Mareuil… — c’est que le secret m’est indispensable… Excuse-moi…

— À la bonne heure, Robert, à la bonne heure… — dit le poète désappointé. — Après cela un peu de mystère ne nuit pas à l’effet d’un drame… va pour le mystère.

— Il y a là… de quoi écrire ? — ajouta Robert.

— Tu veux dire… de quoi signer… — reprit le poète en souriant. — Oui…tiens, voici la tasse et la plume… Allons, viens, Martin.

Nous sortîmes ; la Levrasse nous remplaça auprès de Robert de Mareuil. Je fermai la porte sur ces deux personnages.