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quelques mots à Régina ; elle lui répondit, non pas comme au comte Duriveau avec une apparence de froideur hautaine, mais en baissant les yeux, comme si elle se fût sentie contrainte, embarrassée…

Enfin, à quelques pas derrière ce groupe principal, dont il ne faisait pas partie, j’aperçus Robert de Mareuil ; la joie rayonnait sur son visage.

Les gens de M. Duriveau arrivèrent : Régina, son père et le comte prirent place dans une magnifique berline brune, derrière laquelle montèrent les deux valets-de-pied. Au moment où elle s’éloignait, le regard de Régina se leva et s’arrêta si directement, si longuement sur Robert de Mareuil, que le prince de Montbar, resté un moment sur la dernière marche du perron, se retourna vivement d’un air surpris pour tâcher de voir à qui s’adressait l’expressif et long regard de Mlle de Noirlieu ; mais, soit hasard, soit calcul, Robert de Mareuil trouva moyen de se dissimuler aussitôt derrière deux ou trois personnes qui sortaient du Musée. Le prince, assez dérouté, rejoignit son coupé, qui s’éloigna bientôt.

Robert de Mareuil, m’apercevant alors, me fit signe du doigt d’aller chercher la voiture. Je l’amenai. Au moment où je fermais la portière, mon maître me dit, sans dissimuler sa joie :

— Chez moi, mon garçon… et vite.

Arrivés dans notre demeure, je montai sur les pas de Robert ; nous fûmes reçus par Balthazar qui, ayant sans doute épié notre retour, nous attendait penché sur la rampe de l’escalier.

Incapable de se contenir, Robert de Mareuil s’écria, du plus loin qu’il aperçut le poète :