Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/229

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Je ne me sentais pas de joie, je couvais des yeux cette voiture derrière laquelle j’étais monté, et où se trouvaient mes amis d’enfance. Soudain le cocher, averti sans doute par une secousse du cordon qu’il tenait enroulé autour de son poignet, arrêta ses chevaux ;… presque en même temps l’une des glaces s’abaissa brusquement, et j’entendis la voix de Bamboche s’écrier avec un accent d’effroi :

— Arrêtez… arrêtez… elle se trouve mal, mon Dieu !… que faire ?…

Nous ne courions plus aucun danger d’être poursuivi, nous nous trouvions sur le boulevard Saint-Denis, je courus à la portière.

— Mon garçon — me dit Bamboche, — je ne sais pas d’où diable tu es sorti pour me venir en aide si à propos, je sais encore moins pourquoi tu nous es venu en aide ; tu ne t’en repentiras pas… Cette chère fille qui est avec moi se trouve mal… Il faudrait tout de suite de l’éther… du vinaigre… après cela, nous irons chez moi,… et tu pourras emmener la voiture ;… voici d’abord pour acheter de l’éther, tu garderas le reste.

Et Bamboche me mit un double louis dans la main.

— Merci, Monsieur, — lui dis-je en dissimulant mon émotion, et éprouvant un certain plaisir à garder quelques moments encore mon incognito.

— Il doit y avoir plus d’un pharmacien dans la rue Saint-Denis, nous allons la parcourir avec la voiture.

— Tu as raison… vite… vite.

Et Bamboche abaissa les autres glaces de la voiture pour donner plus d’air à Basquine, qu’il soutenait entre ses bras et qui me parut sans mouvement.