Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/277

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c’est à peine si j’avais du pain ; un jour je vois entrer dans ma mansarde un homme assez âgé, mal vêtu, à l’air dur, à la parole brusque, au regard pénétrant ; ses questions me prouvent qu’il connaît toutes les particularités de ma vie, de ma vocation, et le résultat de sa visite est l’assurance d’une pension qui, en effet, m’a donné les moyens d’étudier, de travailler, de me produire… et de me faire un nom ; malheureusement pour ma reconnaissance, je n’ai vu mon mystérieux bienfaiteur que cette seule fois… — Mais savez-vous au moins son nom ? — dis-je à l’artiste — qui me répondit : — Il m’a dit se nommer Monsieur Just, et l’homme d’affaires chez qui je touchais ma pension n’a jamais voulu m’en apprendre davantage sur cet homme singulier. »

— Monsieur Just… — s’écria Bamboche en interrompant Basquine, — voilà qui devient fort étrange…

— Pourquoi cela ? — lui demandai-je.

— Un jeune peintre, que j’ai connu dans mes jours de prospérité, et qui est maintenant illustre, m’a raconté qu’il devait aussi sa carrière au généreux appui d’un protecteur mystérieux, et qui se nommait aussi Monsieur Just.

— Sans doute, c’est le même ! — m’écriai-je.

— Probablement, — reprit Bamboche, — car, peu de temps après que l’avenir du jeune peintre, le meilleur et le plus honnête garçon du monde (quoiqu’il m’ait connu), a été assuré, un jeune statuaire de ses amis, artiste de la plus belle espérance, mais plongé dans une misère atroce, a été, comme le jeune peintre, miraculeusement secouru par ce diable de M. Just, que ni