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CHAPITRE IV.


histoire de basquine (Suite.)


— Hélas mon pauvre Martin, — me dit Basquine, il faut que du ciel je te fasse retomber dans l’enfer… et que je continue mon récit : avec un professeur comme celui dont je t’ai parlé et que j’eus pendant trois mois, tu dois penser que je fis des progrès rapides. Enfin, ce que je vais te dire, mon bon Martin, te semblera absurde, pourtant rien n’est plus vrai et ne prouve plus la force de ma volonté : je n’avais pas d’esprit, je voulus apprendre à avoir de l’esprit… Pour savoir ce que c’était que l’esprit,… je lus, j’étudiai les écrivains les plus remarquablement spirituels, et je retirai du moins de leur commerce un jargon qui pouvait tromper les moins connaisseurs, car le milord-duc qui avait connu dans ses nombreux voyages les gens les plus distingués de l’Europe, me dit un jour, tout émerveillé : — Je crois, Dieu me damne ! que cette petite est devenue spirituelle… — Rassure-toi, Martin, — ajouta Basquine, avec un triste sourire — je ne ferai jamais d’esprit avec toi…