Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/311

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Basquine : je lui dédierai une épître… qui paraîtra dans tous les journaux. Pendant que Duparc battra la grosse caisse, dans son feuilleton, le commun des martyrs de la presse fera chorus… et fiat lux… un nouvel astre aura lui…

— Ah ! merci, Monsieur, — m’écriai-je, — merci de…

— C’est moi qui te remercie, mon digne Martin, — me répondit Balthazar d’une voix émue. — Je m’en allais de Paris le fiel au cœur, l’amertume à la bouche ; grâce à toi je m’en irai avec une douce et bonne pensée, celle de faire rendre justice à une pauvre sublime créature ignorée et persécutée… Allons, merci, Martin ! adieu, mon garçon !… compte sur moi pour ta protégée… reste un bon et honnête garçon, et surtout… surtout n’entre pas au service de M. de Mareuil.

Puis, prenant son vieux chapeau et son parapluie, le poète jeta un dernier coup d’œil presque mélancolique autour de lui, et dit :

— Chère et modeste petite chambre, que de beaux songes d’or j’ai faits dans tes murs ! que de bonnes heures de travail et d’espérance j’ai passées ici !

Puis, haussant les épaules, comme s’il se fût reproché ces adieux, il s’écria :

— Allons, voilà-t-il pas que j’adresse de poétiques adieux aux murailles d’une chambre garnie ! Allons… au revoir, Martin… compte sur moi pour Basquine… Je veux être l’Herschel de cette nouvelle constellation… et si cela est nécessaire pour ta protégée, écris-moi poste restante, à Fontainebleau, en m’envoyant l’argent. D’ailleurs je reviendrai à Paris… dans un ou deux mois