Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/326

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peut vous entraîner un amour insensé !! si vous saviez combien ma passion pour vous…

— Basquine… — s’écria Bamboche en interrompant Robert, — viens, ma fille… et apporte la lettre si passionnée qu’avant-hier encore t’écrivait ce cher comte…

Au nom de Basquine, Robert devint livide ; son saisissement fut tel qu’il s’appuya au long du mur de la chambre pour ne pas défaillir.

— Vous n’avez pas idée, Mademoiselle, — reprit Bamboche en s’adressant à Régina — de la vivacité de la passion de ce gentilhomme pour cette pauvre fille ; ça a commencé le jour même où ce digne comte vous avait rencontrée au Musée… le soir il a vu jouer Basquine aux Funambules… et, ma foi ! il a été fasciné… ce qui ne l’a pas empêché de songer à son mariage avec vous, Mademoiselle ; au contraire… car, une fois enrichi, il aurait tenu les magnifiques promesses qu’il faisait à Basquine… Allons donc, ma fille…

Une des portes latérales s’ouvrit, Basquine parut, toujours enveloppée dans son manteau dont le capuchon à demi relevé découvrait sa figure empreinte alors d’une joie véritablement diabolique ; ses yeux brillaient d’un sombre éclat ; un sourire glacé contractait ses lèvres sardoniques ; elle tenait à la main plusieurs lettres ouvertes.