Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/355

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blés. Ce n’est qu’à regret que nous nous étions décidés à venir à Paris… car…

— Car vous aimez beaucoup la campagne, — reprit le docteur, — vous et votre ange de femme vous êtes de passionnés botanistes, témoin ce bel Herbier que vous aviez tous deux récolté à Montpellier, et dont vous vous êtes séparés avec tant de chagrin…

— Mais Monsieur, — dit le jeune médecin en regardant sa femme avec une nouvelle surprise, — comment savez-vous de tels détails ?

Soudain je vis mon maître pâlir d’une manière effrayante, quoiqu’il parût lutter énergiquement contre la douleur, ses traits s’altérèrent profondément ; soudain il posa sa main sur son cœur, comme s’il y eût éprouvé une souffrance aiguë… Semblant faire alors un violent effort sur lui-même, il dit d’une voix entrecoupée :

— Vous acceptez… c’est convenu… une personne de confiance viendra demain de ma part pour les derniers arrangements…

Et le docteur Clément fit un pas vers la porte.

— Monsieur, — s’écria le jeune médecin, — je n’accepte pas ces inconcevables bienfaits sans savoir…

— Vous ne voyez donc pas que l’émotion me tue… Laissez-moi, — s’écria mon maître avec un accent si impérieux, que le jeune médecin resta muet, immobile, pendant que le docteur Clément sortait précipitamment de la mansarde.

Mon maître fut obligé de s’appuyer sur moi pour descendre l’escalier, et de s’arrêter plusieurs fois, posant avec force sa main sur son cœur, comme pour en comprimer les élancements ; sa respiration était saccadée,