Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/402

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— Allons… du calme… mon Just bien aimé, que cette heure ne nous soit pas… amère… Pourquoi de la tristesse dans les adieux de deux amis comme nous ? S’ils se quittent un moment, n’est-ce pas pour se retrouver plus tard ?…

En prononçant ces simples paroles, l’auguste sérénité des traits du vieillard révélait sa foi profonde à la réunion et à l’immortalité des âmes.

Just, quoiqu’il partageât la foi de son père, ne pouvait imiter son stoïcisme ; debout, au chevet du docteur, les deux mains sur son visage, il tâchait de cacher ses larmes.

— Mon enfant… — dit le vieillard d’un ton de doux reproche en se retournant à demi et cherchant de sa main défaillante la main de son fils, — pourquoi ces pleurs ? Ne sais-tu pas… qu’il s’agit, non d’une séparation éternelle, mais d’une absence ?

— Ô mon père… mon père… déjà !! — s’écria Just d’une voix pleine de sanglots.

Et il tomba agenouillé près du lit du vieillard.

— Mon enfant aimé… encore une fois, pourquoi cette douleur ? Qu’y a-t-il donc de si attristant dans ces mots : au revoir ? Nos âmes ne sont-elles pas pures, tranquilles et toutes confiantes dans la justice du Dieu des honnêtes gens ?

Après la première expansion de sa douleur, le capitaine Just retrouva ce calme stoïque auquel son père l’avait habitué ; il essuya ses larmes, et dit d’une voix ferme :

— Rassure-toi… mon bon père… le souvenir de nos adieux ne me sera jamais cruel ; chaque jour, au