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— Je le sais, mais ceux qui accomplissent si bravement leur devoir… sont rares… En un mot, tout le bien que l’on m’a dit de vous, doit me faire penser qu’à ces deux excellentes qualités : le dévouaient et la probité… vous joignez sans doute la discrétion ?

Et la princesse attacha de nouveau sur moi un regard ferme et pénétrant.

J’avais un dangereux écueil à éviter dans cette première entrevue avec Régina : — paraître au-dessus de ma condition par mon langage, je dirais par mes sentiments… si je n’avais rencontré d’admirables dévoûments domestiques. — Il me fallait donc m’observer sans cesse, et résister surtout impitoyablement à la funeste tentation de me rendre intéressant aux yeux de la princesse. Tout eût été perdu pour mes projets du moment où elle aurait vu en moi autre chose qu’un serviteur simple, honnête et zélé.

Ainsi, la princesse, en me demandant si elle pouvait compter sur ma discrétion, songeait dans doute à me charger de quelque commission délicate. L’espoir d’obtenir déjà une preuve de sa confiance, me rendit heureux : je répondis cependant avec un accent de simplicité sincère, en affectant cependant un peu de surprise :

— Madame la princesse veut dire que je ne rendrai compte qu’à elle de ses commissions ?

— Voici ce que je veux dire, — reprit la princesse avec un léger embarras : — On s’adresse souvent à moi pour des secours,… et s’il est des infortunes dignes de pitié… il en est malheureusement d’autres qui sont feintes ou causées par l’inconduite… Je