Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/426

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bouger de son lit, ne sachant pas écrire et ne voulant pas charger une enfant de l’âge de sa fille d’une commission si grave, elle était forcée de me prier de venir la voir. Je le lui ai promis, et j’irai demain ; seulement, comme l’enfant m’a dit que les voitures pouvaient à peine entrer dans cette petite rue d’un quartier perdu, où l’apparition de ma voiture ferait d’ailleurs événement, ce qui me serait fort désagréable, vous irez tantôt chez cette pauvre femme afin de savoir à quel étage elle demeure, et de m’épargner ainsi l’embarras de la demander dans la maison où il n’y a pas de portier, m’a dit l’enfant.

— Faudrait-il annoncer à cette femme la visite de Mme la princesse pour demain ?

— Oui, cela la rendra heureuse un jour d’avance… Vous lui direz que je serai chez elle sur les neuf ou dix heures du matin, — ajouta la princesse après un moment de réflexion.

— Madame la princesse désire-t-elle que je tâche de prendre quelques informations sur cette femme ?

— Cette fois, c’est inutile… je crois tout ce que m’a dit sa petite fille… une enfant de cet âge serait incapable de mentir ou de tromper à ce point.

À cette réflexion de Régina, j’aurais dû, instruit par l’expérience, me souvenir, hélas ! que trop souvent la corruption atteint jusqu’à l’enfance ; mais j’étais loin de prévoir que cet appât tendu à l’âme généreuse de Régina cachait un piège horrible… une machination diabolique…

Cette triste révélation ne viendra que trop tôt.

— Tenez, voici l’adresse de cette pauvre femme,