Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/430

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où se trouvaient aussi les bureaux de M. Wilson, riche banquier américain. Le domestique qui me reçut à l’antichambre me dit que Mme Wilson était sortie, je lui remis la lettre de ma maîtresse, et le priai de me conduire auprès de Mlle Isabeau, la femme de chambre. Je trouvai cette jeune fille occupée à coudre. Elle était loin d’être belle ; mais elle avait une taille svelte et gracieuse, de magnifiques cheveux et une certaine distinction de manières.

Ayant appris que Mme Wilson était l’amie intime de la princesse, il ne me parut pas sans intérêt de causer avec Mlle Isabeau, qui d’ailleurs s’y prêta avec la meilleure volonté du monde, car elle me parut singulièrement parlante.

— Je suis chargé, Mademoiselle, — lui dis-je, — de vous prier de venir prendre le thé ce soir chez Mlle Juliette.

— Avec grand plaisir, Monsieur, — me répondit Mlle Isabeau d’un air surpris. — Donnez-vous la peine de vous asseoir… Mais je n’ai pas l’avantage de…

— Je suis nouvellement entré, comme valet de chambre, chez Mme la princesse de Montbar, et j’apportais une lettre de ma maîtresse pour Mme Wilson.

— Ah ! très-bien, Monsieur… c’est différent… Madame est sortie, et elle ne doit pas rentrer avant quatre ou cinq heures… Vous remercierez bien, n’est-ce pas ? Juliette pour moi. Comme Madame va au spectacle et au bal ce soir, je crois même avec la princesse… j’aurai, je l’espère, ma soirée libre… C’est bien aimable à Juliette d’avoir pensé à moi… une nouvelle amie.