Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/444

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matin ; à propos de vos amis, le beau d’Erfeuil est-il toujours aussi sot qu’il est beau ?

— Il est plus beau que jamais.

— Et d’Hervillier a-t-il toujours ses désolantes prétentions de chanteur ? supplie-t-il toujours tout bas qu’on lui demande de chanter, afin de minauder une feinte résistance… Comme ça lui va, un homme de six pieds… avec une carrure de tambour-major et une voix de chantre de cathédrale.

— M. d’Hervillier a fait un progrès : il chante sans qu’on le lui demande.

— C’est le cri du désespoir, — dit le prince en continuant son persiflage, — et cet énorme Dumolard, le frère de votre amie intime, — et M. de Montbar accentua ces mots avec une extrême malveillance, — cet homme d’une grosseur irritante prête-t-il toujours sa voiture et ses loges aux belles dames, généreuses complaisances qui l’ont fait appeler l’omnibus.

— M. Dumolard est toujours cité pour son obligeance énorme… — répondit la princesse, qui me parut vouloir lutter d’ironie avec son mari. Mais il y avait dans cet échange de plaisanteries quelque chose d’amer, de froid, bien éloigné de cette gaîté douce, communicative, qui naît de la confiance et de l’affection.

— Mais à propos de sa sœur, — reprit le prince presque avec aigreur, — savez-vous qu’on parle beaucoup… mais beaucoup, de votre nouvelle amie ?

— De ma nouvelle amie ?

— Oui, de Mme Wilson…

— C’est tout simple, une femme à la mode… De qui et de quoi… parlerait-on sans cela ?