Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/452

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tée très-bas derrière sa tête, cette magnifique chevelure se tordait à sa naissance en une tresse épaisse, nette, luisante, qui faisait valoir encore l’attache élégante d’un cou svelte et rond.

Une légère rougeur colorait les joues de Régina, ses trois petits signes noirs veloutés, coquets, contrastaient comme autant de mouches d’ébène avec l’humide carmin de ses lèvres et le feu de ses grands yeux noirs, alors brillants et animés…

Bien plus encore que dans son négligé du matin, Régina m’apparaissait ainsi dans toute la voluptueuse splendeur d’une beauté que je ne lui soupçonnais pas…

Lorsqu’elle sortit de son parloir avec Mme Wilson, elles riaient toutes deux ; le rire de Régina était charmant, car il montrait des dents d’un émail éblouissant ; elle riait tout en approchant son bouquet de ses lèvres par un mouvement rempli de grâce, comme pour voiler cette gaîté à demi.

— Méchante… — lui disait Mme Wilson… — parmi cet arsenal de bouquets magnifiques, choisir celui… de votre fleuriste.

— Que de noms les jaloux vont lui donner à ce pauvre bouquet marchand ! — dit Régina.

— Les noms des hommes les plus à la mode de Paris y passeront, — reprit gaîment Mme Wilson.

— Avouez, ma chère, que ceci est un peu l’image de bien des choses… Si l’on savait ce que l’on envie !… — dit la princesse avec un accent singulier, — et il me sembla voir un nuage attrister un instant son front rayonnant.

En échangeant ces paroles avec Mme Wilson, la