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CHAPITRE IV.


le logis du cul-de-jatte.


Le fiacre marcha long-temps ; pendant ce trajet, le bandit, je ne sais pourquoi, ne m’adressa pas une fois la parole. Ce silence, le balancement de la voiture, la chaleur que j’y trouvais, après avoir tant souffert du froid, me jetèrent dans un engourdissement qui s’étendit presque jusques à ma pensée. Cette fatalité qui, une seconde fois, me rapprochait du cul-de-jatte, me semblait un rêve sinistre ; la voiture s’arrêta, je revins à la réalité.

Mon compagnon, après m’avoir secoué à plusieurs reprises, m’aida à descendre de voiture ; mes contusions me faisaient toujours éprouver d’atroces douleurs ; j’ignorais dans quel quartier nous nous trouvions ; guidé par le bandit, sur le bras duquel j’étais obligé de m’appuyer, je traversai d’abord une sorte de longue cour ou de passage bordé de maisons ; puis suivant les sinuosités d’une ruelle tortueuse, nous arrivâmes devant un autre bâtiment, dont mon compagnon ouvrit la porte avec un passe-partout ; nous nous trouvâmes alors dans une complète obscurité.